TUNIS ET MARRAKECH, LA BETE ET LE BON

Publié le par Lino Bacco

Du foot joué, transsudé et bastonné au foot exposé, expliqué et discuté il n’y a qu’un pas qu’il fait bon franchir. Lorsque l’Espérance et le Wydad pénètrent sur la pelouse de Radès ils ne pensent pas un seul instant que l’issue finale puisse leur être contraire. Ils sont convaincus d’avoir mis tous les atouts de leur côté. Les deux coaches d’avoir aligné la formation idéale, les joueurs de s’être préparés convenablement au plan physique, tactique et mental. Les supporters le sont davantage car ils ne conçoivent pas d’autre issue que le succès.

Le football c’est aussi des épisodes. Une succession d’épisodes. Un ailier qui efface son vis-à-vis tel un écolier gomme son pâté. Un attaquant qui rate une occasion plus unique que rare alors que le gardien va aux pâquerettes. Un joueur écervelé qui voit rouge et laisse en plan ses copains à deux minutes du repos. Un adversaire indécis qui finit par influencer votre propre comportement. Et ce chrono qui tourne inexorablement jusqu’à ce que le triple coup de sifflet final ne retentisse. Combien le sport est cruel. Plus une goutte de sueur ne jaillit par les pores et les larmes de peine coulent à flot. Les supporters vivent les mêmes émotions. Parfois c’est pire. Lorsque les forces de sécurité s’en mêlent. Ceux-là même sensés les protéger, les cognent, les gazent et les refoulent dans les autocars à coups de gourdins. Cela s’appelle un dérapage (non contrôlé) par une police en voie de développement. Ah que les dénominations anciennes étaient plus correctes, lorsque par exemple sous-développé signifiait bien ce qu’il signifiait… De Tunis à Marrakech, le football africain poursuit son bonhomme de chemin. Avec la bénédiction de la FIFA et de la CAF, la 1ère édition de Foot Expo lance un défi à tous les acteurs et à tous les opérateurs du ballon rond continental. Une invitation à prendre le relais de l’Etat-providence, à tous ceux qui de près ou de loin respirent et vivent le football. Aux institutions de mettre en place des politiques cohérentes pour favoriser dans un environnement propice l’arrivée de nouveaux investissements. Participer à l’enrichissement des clubs européens en leurs donnant nos Eto’o et Drogba c’est globalement correct, participer à celui des clubs africains c’est fraternellement mieux.

Lino Bacco (Edito L’Equipe Maroc Magazine n°4 du 19 novembre 2011)

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