BALLON QUI NE ROULE PAS N’AMASSE PAS GAZON

Publié le par Lino Bacco

 

La grande gueule de Lucien Mias, parle de la différence entre le rugby et les autres disciplines. Le rugby est le seul sport dans lequel les hommes se rencontrent, dans les autres sports ils se croisent.  Et ça peut être pire. Les footeux, par exemple. Ils n’ont même pas la curiosité de se croiser sous le chapiteau de la première édition du Salon Foot Expo.

Et pourtant, les thèmes abordés sont prenants. Ils traitent des fondamentaux du football. Des licences de clubs qui impliquent une certaine rigueur dans l’application du cahier des charges que chaque fédération nationale prévoit sous le double conseil éclairé de la FIFA et des Confédérations.

Du financement des clubs et de l’importance de chaque poste du budget. De la recette au guichet qui varie d’un pays à l’autre. Des droits TV, principale ressource, que l’on traite globalement au niveau des Ligues ou individuellement lorsqu’on s’appelle Real ou Barça. Du marketing, du merchandising et du sponsoring. Des stades qui sont devenus de véritables centres commerciaux ouvert toute l’année. Le football est un produit attractif que l’on commercialise avec un savoir-faire particulier.

De la formation des formateurs qui incombe aux associations mais aussi de la formation des jeunes qui relève des clubs dans un monde où la politique des résultats immédiats fausse le jeu. Du pillage systématique de jeunes talents par les championnats plus argentés.

Projetés vers un professionnalisme que l’on dit irréversible, nos clubs ne semblent guère sensibles à tous ces sujets. Leur indifférence mais aussi leur renoncement au changement est incompréhensible. Pape Diouf se dit sceptique quant à la  professionnalisation du foot africain. Il faut le comprendre.  L’Afrique a d’autres priorités que le football. Mais le football africain, notre football, il a tout de même besoin d’une véritable et profonde refonte. Sans réflexion, sans concertation, sans le charisme nécessaire à toute entreprise, il est difficile de prédire son avenir.   

Jean Gabin fredonne avec l’humilité qu’on lui connaît, « Je sais, je sais mais à l’automne de ma vie, je m’aperçois que je ne sais rien ». Au printemps de leur football, d’aucuns feraient bien de redonner vie à leur vieil électrophone. Il suffit de tirer le bras du Teppaz et de poser délicatement la tête de lecture sur le disque. D’écouter scrupuleusement. Le miracle risque de se produir. En roulant et contrairement à ce qu’ils pensent, leur ballon amassera beaucoup de gazon.

Lino Bacco (Edito L’Equipe Maroc Magazine n°5 du 26 novembre 2011)

 

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